La bâtisse est récente mais imposante. Des dizaines de fenêtres, plus de 1.000 mètres carrés au sol et une cinquantaine de pièces dans le plus pur style Napoléon III. Le château de l'eglise, grâce au travail impeccable et acharné de son nouveau propriétaire retrouve un charme qu'il n'aurait jamais dû abandonner. Oui mais voilà, les guerres sont passées par là. La Première tout d'abord. Un riche propriétaire italien avait fait construire un château, c'était le domaine de Tronquoi à quelques centaines de mètres de Remaucourt. Rasé par la guerre de 14-18 et ses obus, le Transalpin décide de transférer son domaine du Tronquoi en ruines pour faire bâtir à ce chateau. Pour la petite histoire, ce sont les deniers des dommages de guerre qui ont servi à la construction du château de l'eglise que l'on connaît actuellement. Et puis, la Seconde Guerre mondiale a éclaté, le propriétaire italien a été contraint de quitter l'Aisne, conjoncture politique internationale oblige.
Kommandantur et bordel
Dès 1940, les nazis s'accaparent le château et le transforment même en centre de commandement, en une funeste Kommandantur. « Mais ce n'est pas tout puisque l'édifice a aussi abrité un casino et une maison de plaisir durant la même période. D'ailleurs, lorsque nous avons racheté le château, il y avait de nombreuses inscriptions germaniques plus ou moins délicates taillées au couteau dans les poutres », se souvient le propriétaire. Aujourd'hui toute cette période trouble n'est plus qu'un souvenir. Place à l'enchantement. Le site qui a longtemps porté la dénomination de château de la Dame Blanche, en relation avec les brumes qui l'envahissent, a été rebaptisé. Désormais, c'est le château de la Louve Blanche. Moins mystique mais tout aussi efficace. Car pour restaurer le château et le parc, les deux propriétaires associés ont besoin de financement. « Nous avons tout mis en œuvre pour accueillir des réceptions et des mariages. Le carnet de commandes est relativement bien rempli et le bouche-à-oreille commence à fonctionner », reprend David, l'associé du propriétaire.
Réplique des Buttes-Chaumont
Le château est actuellement en travaux. Au-delà de la simple bâtisse, ce qui donne un cachet et une plus-value considérable au domaine, c'est son parc. Plusieurs hectares ont déjà été savamment aménagés. « Un architecte et paysagiste de mes amis est venu sur le site. Il a regardé la configuration, les essences d'arbres ainsi que les trottoirs qui jalonnaient certaines allées. Et il est arrivé à une conclusion qui nous a estomaqués. En fait, ce parc a de très grandes chances d'avoir été conçu par l'homme qui a pensé le parc des Buttes-Chaumont à Paris », commente David.
Au milieu de ce parc, la Somme alimente un étang. Le cours d'eau ne fait qui circuler ce qui assure à la végétation une oxygénation et une humidité nécessaire à son développement. Sur la petite île située au milieu du plan d'eau, David veut édifier un jardin japonais. Rien que ça. « Et pourquoi pas réaliser un petit parc animalier », poursuit le jeune homme. En tout cas, pour les oiseaux, David est déjà sur les rangs puisque ce passionné de perroquets en possède déjà quatre dans une grande volière. Le parc et le château seront normalement visitables dès 2010, lorsque le plus gros des travaux sera terminé.